Pour sa quatrième année, l'index montre que le tournant énergétique est depuis longtemps une réalité en Suisse. Pour tout juste un tiers des indicateurs, des progrès sensibles ont été enregistrés l’an dernier: baisse des émissions de CO₂ occasionnées par la production d’énergie, réserves de bois mort – importantes pour la diversité des espèces – plus élevées dans les forêts, davantage d’énergies renouvelables et moins de dépenses pour les importations d’énergie. Nous ne sommes toutefois de loin pas encore sur la voie d’un tournant énergétique complet, en quel cas les indicateurs afficheraient une réalisation des objectifs à 100%. Cela n’est réalisé, ou presque, que pour les «garde-fous» sociaux et économiques du tournant énergétique, c’est-à-dire la sécurité et les coûts de l’approvisionnement énergétique. Ici, nous n’avons visiblement pas de soucis à nous faire, aussi pendant le tournant énergétique. En Suisse, l'énergie coûte en effet moins cher que dans la plupart des autres pays du monde. L'approvisionnement est quant à lui sûr et fiable. Bon nombre de ces valeurs peuvent même être encore améliorées par un tournant énergétique réussi: si nous développons les énergies renouvelables indigènes et que nous réduisons la consommation énergétique, le degré d'auto-approvisionnement en énergie augmente, alors que les dépenses occasionnées par les importations d'énergie continuent de baisser.

L'indice du tournant énergétique montre aussi où se situent les obstacles: si les pannes et les arrêts des centrales nucléaires ont sensiblement réduit la quantité de déchets nucléaires, il n’en reste pas moins qu’aucune d’entre elles n'a encore été arrêtée définitivement. Dans le bâtiment, on continue d’installer des chauffages à mazout et à gaz, bien qu’ils appartiennent à une technologie dépassée depuis longtemps. Les voitures consommant beaucoup d’essence rendent notre mobilité inefficace, tandis que le développement de l'énergie hydraulique menace les derniers précieux cours d'eau du pays.

L'indice du tournant énergétique 2016 permet d'identifier ce qu'il reste à faire: créer des conditions cadres pour le développement rapide et écologique des énergies renouvelables, aménager des mesures d'incitation efficaces contre le gaspillage énergétique et en faveur de la protection du climat, notamment en définissant des objectifs d'efficacité pour les voitures neuves. Le Conseil des Etats et le Conseil national ont les cartes en main: avec un «oui» clair et net à la Stratégie énergétique en septembre 2016, le parlement peut faire en sorte que le tournant énergétique prenne encore de la vitesse. Le peuple aussi a son mot à dire: en novembre, il doit se prononcer sur la fixation d’une date butoir pour les cinq anciennes centrales nucléaires. Un «oui» aura des effets rapides sur l’index du tournant énergétique, les réacteurs peu sûrs étant débranchés et la quantité de déchets nucléaires produite diminuant.

Les associations environnementales mettent tout en œuvre pour que nous poursuivions avec succès le tournant énergétique, lancé depuis longtemps. Elles feront tout leur possible pour que soient aujourd'hui posés les jalons permettant de disposer d'un approvisionnement énergétique sûr, écologique et économique d'ici 2050 au plus tard. L'indice du tournant énergétique nous montre la voie qui mène au but. Les données rassemblées par le bureau de conseil indépendant Ernst Basler + Partner AG forment à ce titre un indicateur solide et crédible.